Les Editions du commun se transforment en SCOP
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Les Editions du commun se transforment en SCOP
Nourrir le commun
Aux Éditions du commun, nous nous envisageons avant tout comme un collectif : notre ligne éditoriale, nos choix, notre fonctionnement sont le fruit d’une élaboration collective continue. Nous pensons que le commun ne se décrète pas mais qu’il doit être constamment alimenté, renouvelé et, à ce titre, s’inscrire dans la défense du commun est autant un projet éditorial qu’une démarche. Nos pratiques et questionnements au travail font écho à ceux qui traversent les ouvrages que nous publions, nous pensons que le fond doit questionner la forme, et inversement. Cette démarche, c’est aussi la façon dont nous appréhendons le réseau dans lequel nous nous inscrivons, composé des personnes et structures avec lesquelles nous travaillons. À toutes les échelles où nous agissons, nous cherchons à nous extraire au maximum des logiques concurrentielles et de marché qui régissent le secteur du livre et à tirer les fils de ce qui vient nourrir notre milieu et y renforcer les possibles solidarités. Ce que nous concrétisons notamment avec notre podcast « Les mécaniques du livre », dans lequel nous cherchons à rendre accessibles les fonctionnements éditoriaux tout en les mettant au débat.
Expérimenter
C’est avant tout la joie qui nous amène à nous mouvoir en tant qu’éditeur·ices : la joie en tant que potentiel de transformation, la joie comme expérimentation renouvelée, comme capacité à habiter l’inconfort mais aussi celle de prendre du plaisir. Nous voulons que l’édition soit aussi expérimentation : non pas comme une façon de bredouiller ou de bricoler, mais comme une volonté de prendre des risques, rester en mouvement, ne pas se laisser enfermer dans les contraintes et ce, tant sur le choix de nos textes, que de nos méthodes. Nous voulons aussi habiter nos histoires en les appréhendant dans leurs continuités : expérimenter n’est pas qu’un regard porté vers l’avenir, pour nous, c’est aussi la curiosité envers ce qui nous précède, la volonté de mettre à jour les histoires collectives menacées par l’oubli, les puissances de certaines expériences passées. Enfin, c’est aussi mettre au travail la volonté de faire entendre une multiplicité toujours plus riche de voix, de parcours différents. Ce qui implique de choisir d’accompagner des auteur·ices moins habitué·es à écrire, moins visibles, parce que nous croyons fermement que nos libérations collectives dépendent aussi de leurs mots et de leurs perspectives.
Durer
Nous sommes là pour durer, notre projet se veut pérenne : tant du point de vue des textes que nous publions que de notre structure. L’édition, à fortiori l’édition indépendante, se caractérise bien trop souvent par la précarité de ses travailleur·euses. Nous avons envie de démolir l’idée selon laquelle publier avec passion c’est tirer un trait sur sa propre sécurité matérielle. Pour nous, cela revient à tenir le fil d'un engagement politique fort (donner à lire gratuitement en ligne nos ouvrages et ne pas contribuer à l’enclosure des savoirs) tout en rémunérant le plus justement possible toutes les personnes qui ont travaillé à ce qu’un ouvrage voit le jour à commencer par les auteur•rices.
. Durer, c’est s’en donner les moyens, et nous pensons qu’éditer des textes critiques du système ne s’accorde pas avec le maintien de la précarité qu’il génère.
Transformer
Nous voulons que notre travail éditorial joue son rôle dans la transformation sociale en cours. La diffusion de textes a de tous temps permis de soutenir et renforcer les mouvements populaires de libération, c’est dans cet héritage que nous nous inscrivons. Nous choisissons de publier des textes qui préfigurent en partie les mondes à venir, et de le faire avec une méthodologie qui se veut elle aussi préfiguration. Et nous ne sommes pas les seul·es : avec d’autres, nous avons choisi de ne plus vendre nos livres sur Amazon (https://blogs.mediapart.fr/editionsducommun/blog/111120/nous-ne-vendrons-plus-nos-livres-sur-amazon), autour de notre podcast (https://www.editionsducommun.org/blogs/podcasts) ou lors de rencontres publiques, nous partageons nos expériences et mettons au pot commun les outils que nous développons pour nous extraire des logiques purement marchandes qui régissent une partie importante du monde du livre. Nous sommes, à ce titre, parties prenante d’un plus vaste mouvement, qui cherche à mettre un terme au système de dominations imbriquées qui caractérise notre société. En d’autres termes, nous attendons de pied ferme la fin du capitalisme, et d’ici là, nous tâchons d’éditer les textes qui précipiteront sa chute, tout en soutenant les initiatives et structures éditoriales qui partagent ce projet.